Forêts communautaires et gouvernance écologique : vers un modèle de gestion partagée au Maroc

Titre : Forêts communautaires et gouvernance écologique : vers un modèle de gestion partagée au Maroc

Introduction :

Dans certaines régions du Maroc, les forêts ne sont pas des espaces éloignés ou inhabités. Elles sont vivantes, habitées, traversées, aimées. Elles abritent du bois, du fourrage, du miel, des plantes médicinales, et parfois même des légendes. Mais depuis plusieurs décennies, ces forêts — du Moyen Atlas à l’Oriental — sont confrontées à des pressions croissantes : surexploitation, changement climatique, déforestation illégale, conflits d’usage. Face à cela, un modèle alternatif prend racine doucement : celui des forêts communautaires, gérées non pas par un seul acteur, mais par un réseau de responsabilités partagées.

Un héritage ancien, une modernité réactivée

L’idée de gouvernance collective n’est pas nouvelle. Les « jmaâa », structures communautaires traditionnelles, réglaient jadis les droits de coupe, les périodes de pâturage, et les usages partagés. Ces systèmes, souvent oraux, fondés sur le consensus et l’équilibre, ont été marginalisés par des approches plus centralisées de gestion forestière.

Réactiver ces formes de gestion ne signifie pas rejeter l’expertise technique. Cela veut dire faire dialoguer deux formes d’intelligence : l’institutionnelle et la locale.

Le principe : cogérer pour mieux protéger

Les forêts communautaires reposent sur une idée simple : les populations riveraines sont les mieux placées pour protéger ce qu’elles utilisent, si elles sont reconnues, associées et responsabilisées. Cela implique :

  • Des conventions de gestion co-signées entre administrations, coopératives et collectivités locales.

  • Un partage clair des droits et des devoirs.

  • Une transparence sur l’usage des ressources et des bénéfices.

  • Des outils de suivi accessibles (cartes, tableaux de bord, audits citoyens).

L’intelligence artificielle comme outil de dialogue et de préservation

L’IA peut jouer un rôle précieux pour accompagner ces dynamiques :

  • Suivi des coupes et de la régénération à l’aide d’images satellites.

  • Détection de départs d’incendie via capteurs thermiques.

  • Modélisation de scénarios d’usage durable.

  • Plateformes numériques d’alerte et de consultation communautaire.

Mais ces outils doivent être appropriés localement. Ce ne sont pas des solutions miracles, mais des aides à la décision partagée.

Des expériences marocaines à soutenir

À Azilal, Khénifra, ou encore Taounate, des coopératives forestières expérimentent des formes de cogestion : plantations concertées, programmes d’apiculture durable, écogardes formés localement. Ces projets montrent qu’une gouvernance verte et inclusive est possible. Mais ils ont besoin de reconnaissance juridique, de financement, et de valorisation publique.

Conclusion : planter des arbres, oui — mais surtout du lien

La forêt n’est pas qu’un écosystème. C’est aussi un tissu social, une mémoire, une promesse. Les forêts communautaires offrent une voie vers une écologie relationnelle, où l’arbre n’est plus une ressource à exploiter, mais un voisin à protéger ensemble.

Pour que demain, dans chaque vallée, les enfants sachent que les arbres appartiennent à tous — et donc à chacun.

Previous
Previous

Vers une économie bleue au Maroc : comment l’océan peut soutenir un développement durable et circulaire

Next
Next

Comment rendre les oasis marocaines résilientes face à la sécheresse ?