Pollution plastique et déchets sauvages : comment régénérer les paysages sans les marchandiser

Introduction :

Dans les ravins, les oueds, les dunes, les abords de routes, les plages désertes — ils sont là. Les déchets plastiques, abandonnés, emportés par le vent ou par l’indifférence. Ils s’accrochent aux arbustes, se brisent contre les pierres, se fondent dans le sol. Et peu à peu, ils transforment le paysage, brouillent notre lien au vivant, et installent une forme de résignation. Mais il est encore temps. Temps de nettoyer, oui — mais aussi de régénérer, sans tomber dans le piège d’un capitalisme vert qui marchandiserait même la propreté.

Le plastique : symptôme d’un système

La pollution plastique n’est pas qu’un problème de déchets. C’est un symptôme d’un système de consommation linéaire, mondialisé, désincarné. Le Maroc, malgré des politiques de réduction comme l’interdiction des sacs plastiques, reste confronté à une réalité :

  • Manque d’infrastructures de tri et de valorisation.

  • Faible taux de recyclage.

  • Absence d’éducation environnementale généralisée.

  • Explosion des produits à usage unique.

Ramasser, oui — mais pour quoi ?

Les campagnes de nettoyage sont utiles, mais souvent ponctuelles, symboliques, éphémères. Pire : elles sont parfois instrumentalisées comme preuves d’action, sans changement structurel. Ce qu’il faut, ce sont des politiques de régénération, avec :

  • Des brigades écologiques permanentes formées localement.

  • Des filières de recyclage artisanales et coopératives.

  • Des dispositifs de consigne pour les contenants.

  • Une fiscalité verte sur les emballages inutiles.

Technologies simples, innovations circulaires

Il n’est pas nécessaire d’importer des machines coûteuses pour lutter contre les déchets. Le Maroc peut miser sur :

  • Des presses à déchets fabriquées localement.

  • Des applications mobiles de signalement et de cartographie communautaire des points noirs.

  • Des matériaux biosourcés développés avec les universités marocaines.

  • Des ateliers de sensibilisation dans les écoles, les souks, les mosquées.

L’art de régénérer, sans valoriser à tout prix

Il ne faut pas confondre régénération et valorisation marchande. Tous les paysages ne doivent pas devenir des produits touristiques. Régénérer, c’est soigner, pas « rentabiliser ». Cela passe par :

  • Des politiques de soin des lieux abîmés.

  • Des programmes d’écopoésie, de mémoire du paysage.

  • Des emplois verts non subordonnés à la rentabilité immédiate.

Conclusion : réapprendre à voir

Derrière chaque plastique ramassé, il y a une possibilité. Celle de retisser un lien. Celle de créer un travail digne. Celle d’ouvrir un futur propre, non pas pour plaire à l’extérieur, mais pour se respecter soi-même.

Car régénérer un paysage, ce n’est pas seulement enlever ce qui le salit. C’est redonner à ceux qui l’habitent la capacité de le voir comme un lieu digne d’amour.

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