Programme Villes-Jardins Casablanca

Fiche Technique : "Villes-Jardins" – L'agriculture urbaine comme laboratoire d'insertion et d'innovation écologique

Contexte : reverdir les bétonnades pour nourrir les villes et leurs habitants
Dans les quartiers périphériques de Casablanca où le taux de chômage des jeunes avoisine 42% (HCP 2024) et où les espaces verts ne représentent que 1,2m² par habitant (contre 9m² recommandés par l'OMS), le programme Villes-Jardins propose une réponse concrète. Lancé en septembre 2023 par la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l'Environnement en partenariat avec les communes urbaines, ce projet transforme les friches industrielles et les toits-terrasses en fermes urbaines productives.

Un modèle d'économie circulaire à trois étages
L'originalité du dispositif réside dans son architecture verticale :

  1. Le rez-de-chaussée pédagogique : des serres-écoles installées dans d'anciennes usines réhabilitées forment les jeunes aux techniques d'agriculture hydroponique et de permaculture urbaine. Chaque promotion de 25 apprenants suit un cursus certifié par l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, combinant gestion des écosystèmes et entrepreneuriat vert.

  2. L'étage de production : les toits d'immeubles municipaux et d'écoles se transforment en jardins maraîchers intensifs, approvisionnant les cantines scolaires en légumes bios. Un système innovant de gestion des eaux grises, développé avec la Faculté des Sciences de Rabat, permet une économie hydrique de 70%.

  3. Le sommet technologique : un laboratoire open-source installé au 12ème étage de la tour Casablanca Finance City développe des capteurs IoT low-cost pour optimiser la production. Ces outils sont ensuite commercialisés par les jeunes diplômés du programme.

Bilan après neuf mois d'expérimentation
Les premiers résultats dans le quartier pilote de Sidi Moumen impressionnent :

  • 3,5 hectares de surfaces urbaines revitalisées

  • Production de 12 tonnes de légumes par mois

  • 88% des 75 premiers diplômés en activité (salariés ou entrepreneurs)

  • Réduction de 1,2 tonne de CO2/mois grâce au rafraîchissement passif des bâtiments végétalisés

  • Création de 17 micro-entreprises spécialisées dans la transformation des surplus

Innovation sociale : le "Waqf agricole" contemporain
Le projet a remis au goût du jour le concept de habous en créant des parcelles collectives gérées par des coopératives de quartier. Les revenus permettent de financer des cantines solidaires tout en assurant un salaire décent aux jeunes agriculteurs urbains.

Défis et enseignements
Si l'initiative prévoit de s'étendre à 15 nouvelles villes d'ici 2025, trois obstacles persistent :

  1. La régularisation juridique des statuts des fermiers urbains

  2. L'accès aux assurances agricoles adaptées

  3. La concurrence des importations subventionnées

Témoignage d'une métamorphose
"De chômeur diplômé, je suis devenu responsable d'une ferme qui nourrit 200 écoliers par jour", raconte Mehdi, 29 ans, dont l'entreprise fournit désormais des boutiques bio de la corniche. Son histoire montre comment les villes peuvent devenir leur propre solution.

→ Comment participer : Les inscriptions se font via les antennes de l'Agence Urbaine de Casablanca. Un concours annuel récompense les meilleurs projets d'agri-innovation urbaine.

(Cette analyse s'appuie sur les données du Programme Alimentation Durable de Casablanca, les recherches du Laboratoire d'Écologie Urbaine de l'UM6P et des entretiens avec les premiers bénéficiaires. Elle révèle comment l'agriculture peut redessiner le tissu urbain et social.)

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