Éducation environnementale au Maroc : que manque-t-il pour former une génération écologique ?
Introduction :
On ne naît pas écologique — on le devient, par l’expérience, la curiosité, le lien au vivant. Et si le Maroc veut préparer un avenir durable, il devra faire bien plus que planter des arbres : il devra planter des idées, des gestes, des compréhensions profondes dès l’enfance. Aujourd’hui, l’éducation environnementale reste souvent périphérique, événementielle, réduite à des campagnes ponctuelles ou des activités extrascolaires. Pourtant, dans chaque école, chaque médersa, chaque classe rurale, un espace existe pour former une génération consciente, enracinée et inventive. Alors, que manque-t-il ? Et que pouvons-nous créer ensemble ?
Une écologie encore absente des programmes fondamentaux
Malgré certaines avancées, les questions environnementales sont encore peu intégrées aux curricula officiels :
Peu de contenus transversaux reliant les matières (sciences, géo, ensembles de bio-éthique).
Un manque criant de manuels illustrés, contextualisés et ancrés dans les réalités marocaines.
L’absence de formation spécifique des enseignants à la pédagogie écologique.
Ce vide laisse la place à la confusion, à la passivité, ou à une écologie perçue comme étrangère, abstraite, inaccessible.
Apprendre par le lieu, par le corps, par le geste
Une vraie éducation écologique ne se fait pas uniquement dans les livres. Elle passe par :
Des potagers scolaires et communautaires.
Des sorties de terrain dans les forêts, les dunes, les oueds.
Des ateliers d’art naturel, de recyclage, de compostage.
La co-gestion d’espaces partagés, d’eau, de déchets, de biodiversité.
L’enfant devient alors acteur, protecteur, conteur du vivant.
Parler d’environnement dans toutes les langues
L’écologie ne doit pas être enseignée uniquement en arabe classique ou en français technique. Elle doit pouvoir se dire en darija, en amazigh, en images, en musique, en récits. Cela permet :
D’ancrer les concepts dans les cultures locales.
D’inclure les parents et les communautés.
De faire de l’environnement un sujet populaire, quotidien, vivant.
Des outils numériques au service de l’éveil écologique
L’intelligence artificielle, les applications éducatives, les plateformes de e-learning peuvent enrichir cette éducation si :
Elles sont accessibles en zones rurales.
Elles proposent des contenus marocains, illustrés, sensibles.
Elles s’intègrent dans un parcours pédagogique réel, encadré, vivant.
Mais aucune technologie ne remplacera jamais le lien entre l’enfant et son environnement direct.
Conclusion : semer aujourd’hui ce que le futur réclamera demain
L’éducation environnementale n’est pas un luxe. C’est un socle. Elle ne produira pas que des écologistes, mais des citoyens plus attentifs, plus solidaires, plus aptes à vivre dans un monde en mutation. Ce n’est pas une discipline. C’est une manière d’être au monde.
Et si chaque école devenait un écosystème ? Un lieu où l’on apprendrait à lire une feuille, à écouter un ruisseau, à reconnaître la trace du vent… Alors oui, une génération écologique émergerait. Et elle saurait, mieux