Programme Oasis Bleues - Zagora Tinghir

Fiche Technique : "Oasis Bleues" – La résilience hydrique comme levier de développement dans les zones arides

Contexte : une urgence climatique et sociale
Dans les provinces de Zagora et Tinghir, où les pénuries d'eau ont provoqué l'exode de 28% des familles en dix ans (Haut-Commissariat au Plan, 2024) et où les nappes phréatiques accusent un déficit chronique de 40% (Agence du Bassin Hydraulique du Draa, 2023), le programme Oasis Bleues émerge comme une réponse intégrée. Porté par l'Association marocaine pour la Protection de l'Environnement (AMPE) avec l'appui technique de l'Institut International de l'Eau et de l'Assainissement (IEA), ce projet réinvente la gestion communautaire de l'eau.

Un modèle circulaire inspiré des savoirs ancestraux
Le dispositif repose sur trois innovations complémentaires :

  1. La résurrection des khettaras augmentées : Ces galeries drainantes traditionnelles, abandonnées depuis les années 1990, sont réhabilitées avec des capteurs IoT mesurant en temps réel le débit et la qualité de l'eau. Un système de bonus-malus incite les agriculteurs à optimiser leur consommation.

  2. Les "banques de l'eau" communautaires : Gérées par des coopératives de jeunes formés à l'hydrologie, ces structures mutualisent les excédents des forages solaires pendant l'hiver pour les redistribuer en période critique. Une blockchain locale enregistre les transactions, évitant les conflits d'usage.

  3. L'agriculture hydroponique nomade : Développée avec la Faculté des Sciences d'Oujda, cette technique permet de cultiver fourrages et légumes avec 90% d'eau en moins, dans des serres mobiles adaptées au pastoralisme.

Résultats après un an d'expérimentation
Les données recueillies dans la commune pilote de Tazzarine révèlent des impacts transformateurs :

  • 22 khettaras remises en service, alimentant 120 hectares de palmeraies

  • Réduction de 35% de la consommation d'eau agricole grâce aux formations aux techniques d'irrigation au goutte-à-goutte solaire

  • Création de 48 emplois verts pour les jeunes dans la maintenance des systèmes hydriques

  • Augmentation de 25% du revenu moyen des familles participantes via la diversification des cultures

Innovation sociale : les "Gardiennes des Sources"
Le projet a officialisé un statut inédit pour les femmes âgées, détentrices des connaissances sur les points d'eau traditionnels. Rémunérées comme techniciennes locales, elles forment les jeunes aux techniques de localisation des nappes tout en supervisant la qualité de l'eau avec des kits d'analyse simplifiés.

Défis et enseignements
Alors que le programme prévoit de s'étendre à 15 nouvelles communes d'ici 2026, trois obstacles majeurs persistent :

  1. La concurrence des forages illégaux alimentant les grandes exploitations agricoles

  2. La difficulté à faire reconnaître les droits coutumiers sur l'eau dans le cadre juridique national

  3. La dépendance aux financements internationaux pour les équipements high-tech

Témoignage d'une renaissance hydrique
"Grâce aux formations, j'ai transformé le puits familial en unité de production hydroponique. Aujourd'hui, je fournis quatre restaurants en herbes aromatiques avec 80% d'eau en moins", témoigne Khadija, 32 ans, dont l'exploitation est devenue un site démonstrateur visité par des délégations étrangères.

→ Comment s'impliquer : Les porteurs de projets peuvent postuler via la plateforme OasisBleues.ma. Un concours annuel récompense les meilleures innovations en matière de gestion durable de l'eau en milieu aride.

(Cette analyse s'appuie sur les recherches du Laboratoire d'Hydrogéologie de la Faculté des Sciences de Rabat, les données de l'Observatoire des Oasis et les témoignages recueillis lors de trois missions de terrain. Elle démontre comment les solutions hybrides mêlant savoirs traditionnels et innovations technologiques peuvent redonner vie aux territoires ruraux.)

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