Programme Oasis Urbaines
Oasis Urbaines : Quand les Micro-Forêts Redessinent l’Urbanisme Marocain
Introduction : La Renaissance Verte des Villes
Dans le quartier Hay Mohammadi à Casablanca, où le béton dominait depuis des décennies, une transformation silencieuse émerge sous les regards curieux des habitants. Ici, sur une parcelle abandonnée de 800 m², pousse désormais une micro-forêt dense de 600 arbres locaux – thuya, caroubier, arganier – plantés selon la méthode Miyawaki. Ce projet pilote, lancé en 2024 par la Société Al Omrane en partenariat avec la startup marocaine VertCité, incarne une nouvelle ère dans l’urbanisme national : celle des "oasis urbaines", ces poches de biodiversité stratégiquement intégrées au tissu citadin.
Le Cadre Juridique : Une Volonté Politique Affirmée
Cette dynamique s’inscrit dans le cadre du Plan National d’Aménagement Durable 2025-2030, dont l’article 47 bis impose désormais l’intégration de 10% d’espaces végétalisés intensifs dans tout nouveau projet urbain de plus de 5 hectares. Le décret n°2.25.341, publié au Bulletin Officiel en mars 2025, précise les conditions d’éligibilité aux appels d’offres "Oasis Urbaines" :
Surface minimale : 500 m² en milieu dense, 1 000 m² en périphérie
Biodiversité : Au moins 15 espèces autochtones obligatoires
Gestion hydrique : Système d’irrigation en circuit fermé ou récupération des eaux pluviales
Participation citoyenne : Implication des riverains dans le suivi
Les fonds souverains marocains (CDG, Fonds Hassan II) ont débloqué 320 millions de dirhams pour cofinancer ces projets à hauteur de 60%, avec des bonus de 15% pour les dossiers intégrant des innovations sociales (jardins thérapeutiques, fermes pédagogiques).
Une Économie Verte en Germe
L’étude de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD, 2025) révèle que chaque dirham investi dans ces micro-forêts génère 2,7 DH de retombées économiques sur dix ans. À Marrakech, la micro-forêt du quartier Sidi Youssef Ben Ali – 1 200 m² plantés en 2023 – a déjà produit des effets tangibles :
Baisse de 4°C des températures estivales locales (mesures ONEE)
Création de 8 emplois pérennes pour l’entretien
Augmentation de 22% de la valeur immobilière dans un rayon de 300 mètres
Les startups marocaines comme EcoPlant ou UrbanForest se positionnent comme leaders régionaux de cette nouvelle ingénierie verte. Leur savoir-faire en "sol vivant" – ces techniques qui régénèrent les sols urbains morts en 6 mois grâce à des champignons mycorhiziens – intéresse jusqu’aux fonds qataris, comme en témoigne le récent investissement de 15 millions de dollars dans la filiale casablancaise de VertCité.
Ethnographie d’une Révolution Urbaine
Le succès de ces projets repose sur une alchimie subtile entre haute technologie et savoirs traditionnels. À Fès, les ingénieurs de l’École Nationale d’Architecture ont collaboré avec les maâlems du bois pour concevoir des mobiliers urbains en thuya issus de l’élagage raisonné. À Rabat, les femmes du quartier Yacoub El Mansour perpétuent la tradition des "herboristes urbaines", cultivant 47 variétés de plantes médicinales dans la micro-forêt locale.
"Nos grands-mères connaissaient chaque plante sauvage qui poussait entre les pierres. Aujourd’hui, nous réapprenons cette sagesse aux enfants des écoles", explique Fatima Zahra, 62 ans, présidente de la coopérative Rihanna qui gère l’oasis urbaine de Hay Nahda.
Les Clés du Succès pour les Investisseurs
Pour tirer pleinement parti des appels d’offres 2025, les urbanistes doivent maîtriser trois leviers :
L’ingénierie financière : Combiner subventions CDG (plafonnées à 3 MDH par projet), crédits carbone et mécénat d’entreprise
L’innovation sociale : Intégrer des programmes intergénérationnels ou des ateliers d’agriculture urbaine
La durabilité technique : Privilégier les pépinières locales et les systèmes d’arrosage à l’eau grise traitée
Le cas de Tanger Med Cities, lauréat 2024 avec sa "forêt portuaire" de 5 hectares, montre l’importance du volet R&D : leur partenariat avec l’INRA a permis de développer des espèces résistantes aux embruns salins, ouvrant de nouveaux marchés pour les villes côtières.
Perspectives : Vers un Réseau National d’Oasis
La stratégie 2025-2030 prévoit la création de 147 micro-forêts urbaines, formant un maillage écologique entre les grandes villes. Les prochains appels d’offres cibleront spécifiquement :
Les friches industrielles (30% de bonus pour les projets sur sols pollués)
Les abords d’autoroutes ("forêts anti-bruit")
Les toits-terrasses des centres commerciaux
Conclusion : L’Arbre qui Cache la Forêt
Ces oasis urbaines représentent bien plus qu’un gadget écologique. Elles redéfinissent la relation des Marocains à leur environnement urbain, comme en témoigne le jeune architecte Adnane Tazi : "Nous ne construisons plus contre la nature, mais avec elle. Ces micro-forêts sont les cathédrales vertes du XXIe siècle."
Références Stratégiques
Appel d’offres Oasis Urbaines 2025 (Ministère de l’Aménagement du Territoire)
Étude "Valeur Économique des Services Écosystémiques Urbains" (UM6P/ONU-Habitat, 2024)
Guide des Bonnes Pratiques en Foresterie Urbaine (Agence Française de Développement, 2025)
Données des Fonds Souverains Marocains (CDG, Al Omrane)